Quel financement de nos bibliothèques ?


En plein été, le 10 août 2019, Alain Lallemand, journaliste au Soir, lançait un véritable cri d’alarme à propos des bibliothèques de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans une page entière du journal et dans l’éditorial du jour, il publiait un article important sous le titre « Le futur gouvernement a-t-il déjà oublié de financer des bibliothèques ? » Il y exposait avec force exemples que pendant que le PS, Ecolo et MR préparaient les négociations, le mot « bibliothèque » ne figurait dans aucun des programmes et notes de travail. Depuis cinq ans, expliquait-il, le secteur est pourtant en grande difficulté et a été étranglé à plusieurs niveaux. Le directeur du département, Jean-François FUEG, y confirmait les pertes d’emplois dans les bibliothèques de droit privé : « On a eu des licenciements et on en a encore en ce moment, dus à l’incertitude (politique et législative), à la difficulté de nouer les deux bouts ». Le journaliste expliquait ensuite toute l’histoire depuis 2009 de cette perte de soutien gouvernemental aux bibliothèques. Il rappelait également que l’enquête de 2016 de l’OCDE faisait apparaître que le niveau de lecture des élèves belges en quatrième primaire était le plus bas d’Europe. 22 % de nos élèves belges maîtrisent la lecture contre 50 % en moyenne européenne. Il rappelait que la lecture publique avait réalisé 11,6 millions de prêts en 2017. Il en concluait, qu’ironie d’un texte qui devrait promouvoir la lecture, ce décret était devenu une œuvre de fiction… Un budget pour les bibliothèques en hausse de 2 millions d’euros sauverait la situation.

À la mi-septembre, paraissait la déclaration de politique communautaire lancé par le nouveau gouvernement dont quatre pages serrées de programme culturel. On pouvait y lire : « La fédération Wallonie-Bruxelles veut tendre progressivement vers le plein financement des décrets existants dans le secteur socioculturel et le secteur artistique, en particulier dans les centres culturels et les bibliothèques publiques… Elle veillera également à encourager le mécénat et les dons, à développer le financement participatif (plateformes de crowdfunding) et les différentes formes de partenariats entre le public et le privé ». Quand on sait que le déficit de la FWB est actuellement de 600 millions d’euros, il est clair que le challenge va être sérieux pour la nouvelle vice-présidente en charge des matières culturelles, madame la ministre Bénédicte LINARD (ECOLO). Nous la soutiendrons dans cet important combat.

À la région wallonne, le gouvernement annonçait maintenir le volume de l’emploi et des moyens financiers alloués aux APE dont la réforme sera conduite dans le cadre d’une concertation avec les acteurs. La réforme poursuivra les objectifs suivants : la simplification, l’efficacité, l’équité, la transparence, la maîtrise budgétaire et la sectorialisation de l’aide, celle-ci restant une aide à l’emploi (et non une subvention de fonctionnement). Les budgets et les postes ne devraient pas être transférés dans les politiques fonctionnelles. Nous serons attentifs aux conséquences sur le terrain de cet important dossier pour les bibliothèques qui sera géré par madame la ministre Christie MORREALE (PS).

Si nous jetons un œil par-delà nos frontières, je ne peux pas résister au plaisir de citer deux phrases du ministre français de la culture, Franck RIESTER, qui lors de la présentation de son budget 2019 à la presse ce 27 septembre, disait à propos des bibliothèques : « … Je veux faire de nos bibliothèques pas seulement des lieux de lecture, mais des lieux de culture ; pas seulement des lieux de visite, mais des lieux de vie ; pas seulement des lieux de passage, mais des lieux de brassage. Je vais en faire des lieux de médiation numérique, des maisons de services publics culturels, offrant de nouveaux services à nos concitoyens – artistiques, éducatifs, sociaux - pour les accompagner dans leur quotidien … Ce programme vise à faire des bibliothèques, au-delà de leurs missions premières, des lieux d’accueil des activités culturelles et ludiques, s’investissant dans la médiation numérique et l’accompagnement aux devoirs, aux démarches administratives ou à la recherche d’emploi. »

Autant dire que la FIBBC ne peut qu’adhérer à ce programme porteur de sens et de synergies.