Regards croisés sur les jardins

Quatre temps du silence

Publié le 19 juin 2006, par Gérard Durieux


Marie Rouanet nous livre ici un de ses plus beaux récits sur le jardin de la vie dans ce qu’elle a de plus charnel, de plus beau, de plus brutal et de plus simple aussi.

ROUANET Marie, Quatre temps du silence, Payot,1998

Née en 1936 à Béziers , Marie ROUANET entre en écriture à 55 ans. Ancienne militante de la cause occitane, cette passionnée par l’évangile qui récuse vigoureusement toute forme d’éducation rigide et moralisante, s’avoue en même temps l’âme contemplative à la François d’Assise. Sa trentaine de livres sont pétris d’un amour de la vie dans ce qu’elle a de plus charnel et de plus beau, de plus brutal et de plus simple aussi. A mille lieues de toute mièvrerie.

Son écriture, à la splendeur multiple et d’une précision inouïe jusqu’à l’infime, s’attache à « fouiller l’instant. Et cette intention « poétique » est magistralement mise en œuvre dans ce roman d’une grande maturité.

Seule depuis la mort de son époux Robert, son Emilienne la narratrice, achève son existence au lieu-dit « le Sécadou de Firmin », fasse au Causse, au faîte d’un massif couvert de châtaigneraies et de chênaies. Rudesse du lieu et du temps ; âpreté des jours présents et anciens. Et bonheur d’exister dans l’attention souveraine à tout et à tous.

C’est le minutieux journal de cette femme de haut relief que nous écoutons au fil des quatre saisons : comme une longue confidence de sagesse sur la vie, l’amour la mort, l’enfance, la maternité, la littérature...

Mais tout cela à travers une multitude de personnages de chair et de sang, amies et amant, l’évocation minutieuse des travaux du jardin et du verger, la nourriture omniprésente et des descriptions à couper le souffle de la nature, des animaux, du temps qu’il fait...

Page à page, Emilienne nous devient familière, presque compagne et son lopin de terre rouge s’offre à nous comme un lieu oublié où rentrer avec joie en soi-même...