Regards croisés sur les bords de mères...

Marie

Publié le 18 janvier 2007, par Gérard Durieux


Des pages surprenantes et stimulantes qui retracent la personnalité d’une femme de combat et habitée par le désir de cette étrange naissance...

HALTER Marek, Marie, Robert Laffont, 2006

Halter est juif polonais. Il s’avoue fasciné par les grandes figures féminines de la Bible et vient d’achever une trilogie romanesque sur Sarah, Tsippora et Lilah.
Il livre ici sa « Marie ».

Avec rigueur historique, il l’enracine de façon convaincante dans le royaume d’Israël, écrasé par l’occupation romaine. Le roman foisonne de personnages connus ou inédits appartenant aux différentes sphères de cette société en effervescence de luttes armées en conflits idéologiques.

Au cœur de ce bouillonnement, « Miryem de Nazareth la sérieuse » est une jeune juive silencieuse, obstinée et ombrageuse, traversée de rires, vibrante d’intenses colères. Une résistante, une rebelle tentée par le combat et l’amour de Barabbas. Très intérieure à l’école de Joseph d’Arimathie et des esséniens de Damas... Généreuse, serviable et tendre en amitié.

Bref, le romancier nous trace un portrait surprenant et stimulant pour qui connaît la discrétion des évangiles.

Mais toutes ces pages décrivent la croissance intime d’une femme jusqu’à l’étrange naissance de son enfant.

C’est en effet une Antigone à bout d’attente, brûlée de l’intérieur par un désir inexprimable, animée d’une volonté farouche et douce, déterminée et sereine, humble et ferme qui affronte à l’inconcevable les siens ahuris et soupçonneux : « Ce que j’ai à faire en ce monde, ce n’est pas d’être l’épouse d’un seul homme... Demain ne s’accomplira pas avec la mort d’Hérode et le sang des mercenaires. Mais avec un amour des hommes que Barabbas ne pourra jamais engendrer ...Que peut une femme pour libérer Israël du joug romain, sinon donner naissance à son libérateur ?... Personne n’y a songé. Moi, si.Et c’est ce que je vais faire. Moi, Myriem, je t’ai dit qu’il en serait ainsi. »

Un prétendu « Evangile de Marie » vient clore tout le roman. Y résonne la revendication du peuple des mères qui réclament justice sur toutes « les places de mai » du monde.

Marie, indomptable, passionnée, insoumise et si contemporaine.