Regards croisés sur...

Les ateliers d’écriture

Publié le 29 septembre 2005, par Gérard Durieux


Manifestement, les ateliers d’écriture n’ont pas fini de faire couler beaucoup d’encre tant la manière d’aborder cette vaste thématique est riche, complexe et diversifiée.
Si certains envisagent ces ateliers d’écriture comme un outil de développement personnel, voire une démarche thérapeutique, d’autres préfèrent privilégier en eux tout simplement leur aspect déclencheur d’une liberté foisonnante et créative...
Ces "Regards croisés" vous permettront, je l’espère, d’entrer en correspondance avec ce sujet très à la mode de surcroît...

REVAULT Jean-Yves, La guérison par l’écriture , Jouvence, 2003

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On ne s’étonnera pas de trouver chez cet éditeur un volume qui présente l’écriture comme un outil de développement personnel.

L’auteur, en effet, considère clairement l’acte d’écrire comme une démarche thérapeutique. Son livre nous propose donc la théorie et la pratique de ce geste d’auto guérison. Ou comment se guérir par l’écriture de cette maladie qui consiste à n’être pas soi-même.

A partir de nombreux témoignages, écrire apparaît ici synonyme de réparation, de libération des carcans, de renaissance...

Bref, l’écriture s’offre comme un véritable chemin de connaissance de soi et de croissance intérieure.
C’est le mérite de cet ouvrage de nous en convaincre avec clarté. Aux amateurs de tous niveaux, il propose des pistes de recherche personnelle. Ils entreront peut-être alors en écriture.

MARICOURT Thierry, Ateliers d’écriture : un outil, une arme, Licorne-L’Harmattan,2003.

Le propos est ici considérablement différent.

MARICOURT écrit et anime de nombreux ateliers d’écriture avec des publics divers et « défavorisés » (scolaires en difficulté, prisons, ateliers d’alphabétisation...). Le propos est ici plus militant mais sans lourdeur. Il montre, il donne à lire d’étonnantes productions collectives ; il cible les attentes, dégage des bilans et note quelques résultats « entre moues et sourires ».

En suggérant les possibilités de ce type de travail, il défend avec une conviction contagieuse la pratique accessible pour tous d’une écriture qui permet d’échapper à la marginalisation, à l’exclusion et à l’oubli. C’est sa double fonction sociale de protestation et d’intégration qui est résolument mise en évidence dans ces pages.

Pour l’auteur, écrire n’est pas qu’un jeu ou un agréable passe-temps. Conquise laborieusement et ensemble par celles et ceux qui peinent à aligner quelques mots, l’écriture arme chacun(e) pour survivre dans la dignité.

ROCHE Anne, GUIGUET Andrée, VOLTZ Nicole, L’atelier d’écriture. Eléments pour la rédaction du texte littéraire, Nathan, 2000.

Cet ouvrage collectif est un manuel à destination des personnes de plus en plus nombreuses qui ont le désir d’écrire. Elles ne savent comment commencer, se heurtent à des obstacles insurmontables ? Sont-elles persuadées que ce n’est pas pour elles ?...

Les innombrables propositions théoriques et pratiques réunies dans ces 150 pages leur seront assurément très utiles...

Des « embrayeurs » pour démarrer aux indications précieuses pour oser un monologue intérieur ou une nouvelle, en passant par les « stimuli pour l’imaginaire » , autant d’invitations empruntes d’humour et d’intelligence à « passer à l’acte d’écrire », à sortir de l’intimidation fascinée devant le « mystère de l’Ecriture ».

A suivre les encouragements enthousiastes des auteurs, n’était la complexité de certains exercices suggérés, on en viendrait presque à oublier qu’écrire requiert aussi le lent apprentissage de toute œuvre d’artisan.

Il reste que ce petit livre, gardé à portée de plume, rendra les meilleurs services aux aventuriers de la page rebelle.

LECOMTE Isabelle, 30 outils pour (se) dire, (se) raconter et l’écrire, Dangles éditions,2005.

Cette « boîte à outils » est une mine.

Qu’il s’agisse d’éveiller ou de nourrir l’imagination, d’écrire en jouant, d’accéder à l’écriture intérieure ou d’aborder des thèmes comme naître, grandir et mourir, cette autre animatrice d’ateliers d’écriture nous partage le fruit de son travail.

Maman, elle écrit des nouvelles pour les enfants. On la découvre poète, marquée par Jacques Salomé et par l’œuvre essentielle de Bauchau. C’est dire que la tonalité ludique de son livre se double d’une attention à la découverte de soi à travers le texte. Mille chemins s’ouvrent à nous que la peur du ridicule paralyse si souvent : les exercices simples s’apparentent à des jeux ; les citations évocatrices foisonnent ; la saveur des mots enchante à nouveau...Et l’on se prend à croire à la justesse du proverbe japonais cité en exergue : « Même un chemin de mille lieues commence par un pas ». Pour le plaisir des débutants et de tous les autres...
La bibliographie thématique permettra d’autres découvertes au fil des diverses curiosités.

GUILLON Marie-Christine, L’envie d’écrire, oser l’aventure des mots, Aubanel, 2005

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On prendra d’abord un vif plaisir à feuilleter cet ouvrage, beau comme un album avec ses photos pleine page et sa conception graphique originale et soignée.

L’intérêt ne se démentira pas à la lecture : ces pages sont stimulantes. Elles nous font parcourir les mille formes que peut revêtir l’écriture, des journaux intimes aux fictions, à travers rites et pratiques que l’auteure, animatrice depuis une dizaine d’années, décline pas à pas et avec un bonheur évident.

Mais ici encore, ce qui retiendra l’attention, c’est le long chapitre consacré aux ateliers d’écriture, présentés comme des espaces foisonnants de liberté et de créativité, de métissage entre l’écriture et la peinture ou l’image... Ecrire alors, partagent les participants c’est... « se parcourir de l’intérieur et sortir des petits bouts de soi, commencer une toile, effeuiller le nuancier, délier la mémoire, perdre le sens et retrouver l’essence, voyager en des pays inavoués, additionner trois ponts d’ifs et deux plumes d’oie... exister davantage ».

Qui donc a pu dire qu’écrire, c’était rêver sa vie par peur de la vivre ? Alors qu’il s’avère à travers ces confidences qu’ « oser l’aventure des mots » ouvre aussi au goût et à l’audace d’exister.

MORGENSTERN Suzie, L’Agenda de l’apprenti écrivain, De La Martinière Jeunesse,2005

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Saluons avec intérêt cette proposition faite aux jeunes de se mettre à écrire jour après jour.

Chaque page de cet agenda offre une question, une citation, un dessin...Tous les domaines sont évoqués : amis, vie de famille, avenir, rêves, souvenirs, peurs, loisirs... Bref, 365 invitations à écrire dans cet agenda qui pourrait bien devenir, au fil de l’an, une manière de carnet intime, où la passion d’écrire qui sommeille en certain(e)s pourra faire ses gammes.
« J’aimerais partager ma passion avec vous et vous dire que pour être écrivain, il n’y a pas de secret : il faut écrire. L’écriture est une activité à pratiquer comme un sport. Elle demande entraînement, endurance, persévérance ».

Qu’on se rassure, l’exigence qu’exprime l’auteure ne fait pas de cette incitation à écrire un pensum quotidien. La conception de l’ensemble et la mise en forme restent suffisamment souples et variées pour que l’amusement et le divertissement soient au rendez-vous.