Regards croisés sur nos coups de coeur

Le cercle du karma

Publié le 31 juillet 2007, par Gérard Durieux


Un roman posément militant, surprenant d’humour, à l’écriture économe et si tendrement humain.

CHODEN Kunzang, Le Cercle du karma, Actes Sud, 2007

C’est le premier roman venu du Royaume du Bhoutan, pays méconnu et coupé de tout sur les contreforts de l’Himalaya.

L’auteur, enseignante, journaliste et fonctionnaire internationale, nous conte, avec une simplicité lancinante et envoûtante, l’histoire foisonnante d’une jeune fille, Tsomo, née au début des années 40, entraînée sur les routes, abîmée puis fortifiée par la vie et les rencontres.

Nous la suivons au gré des pèlerinages, des fuites et pérégrinations qu’elle entreprend, entre le Bhoutan, le Népal et l’Inde.

Pour le lecteur occidental, c’est un véritable choc culturel. La société, minutieusement décrite jusqu’à l’ensorcellement des détails, est une société d’ordre patriarcal dont le moteur est la religion, pieuse et superstitieuse, marquée par l’injustice congénitale, régie par les maris presque toujours prédateurs. Un monde dur, entre fatalisme, servitude et insouciance.

Dans cette culture imprégnée de Bouddhisme depuis le VIIIème siècle, la vie n’est pas linéaire, mais circulaire, marquée par la destinée.

Le chemin initiatique, l’exode de l’opiniâtre dissidente qu’est Tsomo, épousent donc tout naturellement la forme romanesque d’une boucle. Sur ce chemin solitaire de toute une vie, elle aura aussi croisé des êtres de compréhension et de compassion. De sorte qu’au bout de sa longue existence de souffrances, elle porte malgré tout un message de pardon et de réconciliation. « C’est pour moi une morale de vie. Je ne vois pas d’autre idéal », déclare Kunsang CHODEN

Et elle ajoute : « Toute femme devrait pouvoir rêver, danser, voyager et donc suivre ou tracer son cercle, plutôt que de rester prisonnière d’un triangle... »

Une précieuse clé de lecture pour ce roman posément militant, surprenant d’humour, à l’écriture économe et si tendrement humain .Il nous conduit ailleurs. Et pourtant...