Publié le 24 avril 2012, par
Pousser les portes de ce centre de documentation,
c’est découvrir …
Ce n’est un secret pour personne, la place réservée à la poésie dans les bibliothèques publiques reste restreinte ! Il est vrai que les écrits poétiques conservent encore et toujours dans l’esprit du public une connotation élitiste voire parfois hermétique. C’est pour cela justement que ceux-ci, plus que toute autre littérature, demandent
médiations, actions de mise en valeur et animations visant le rapprochement avec les lecteurs. Cependant, pour permettre ces actions de sensibilisations, une équipe spécialisée et surtout une collection suffisamment étoffée sont nécessaires. Tel est le cas du « Centre de Documentation François Bovesse » de la Maison de la Poésie de Namur : le seul centre de documentation poétique de Wallonie. Celui-ci, en synergie avec l’infrastructure dans laquelle il se loge, développe différents projets afin de rendre plus accessible ce genre littéraire et atténuer les barrières qui le séparent des lecteurs.
Les origines de ce centre de documentation remontent à la fondation de la Maison de la Poésie lorsque, en 1985, Robert Delieu et ses élèves, des lecteurs et des liseurs de poèmes, souhaitent disposer d’un fonds d’ouvrages auquel se référer pour choisir des textes et organiser leurs activités. Pour constituer ce fonds de départ, chacun fait don de ses collections. Ensuite, au fur et à mesure, celles-ci ne cesseront d’augmenter via différentes aides et collaborations. Tout d’abord, le soutien de la « Société des amis et disciples de François Bovesse », une asbl namuroise oeuvrant dans le domaine de l’aide à des projets culturels, ensuite la collaboration de l’écrivain Georges Thinès et, plus récemment en 1987, celle d’Eric Brogniet, actuel directeur qui s’est vu léguer par ses amis écrivains et académiciens, sur base de la confiance qui existait entre eux, une partie de leur bibliothèque. Au fil du temps, d’autres legs, viendront enrichir le fonds pour constituer aujourd’hui une collection comprenant un total de …
… 40.000 documents répartis en plusieurs sections : « Poésie de langue française » avec des sous-rubriques, « Auteurs français d’origine » et « Auteurs belges de langue française » ; un fonds de livres en langue étrangère et parallèlement des collections sur des poètes étrangers. A cela s’ajoutent des anthologies belges, étrangères et thématiques, près de deux-cent titres de périodiques ; des ouvrages de référence ( langue française, histoire et critique littéraire) et dossiers de presse. Sans oublier un fonds d’archives originales qu’il faudrait d’urgence sauvegarder : documents d’auteurs (tapuscrits, manuscrits), iconothèque, archives sonores dont des cassettes audio reprenant de 1987 à 2000 une série d’entretiens avec des auteurs qui sont aujourd’hui très reconnus : Henry Bauchau, Philippe Jaccottet, Jacques Izoard.
En constatant l’importante collection présente en ces murs, certains pourraient s’étonner voire regretter que ce centre ne fasse pas partie du réseau namurois de la Lecture publique. En effet, il s’agit bien d’un centre de documentation et uniquement de consultation. On peut y travailler, faire des recherches avec l’aide d’une bibliothécaire spécialisée mais, au grand regret du directeur Eric Brogniet, ce centre n’est pas intégré au réseau de Lecture publique namurois. Il est vrai que les conditions ne sont pas réunies actuellement. « En effet, l’ensemble du fonds n’est pas encodé et les subsides actuels ne permettent pas de nouveaux engagements qui permettraient la réalisation de ce travail titanesque, explique Eric Brogniet. D’autre part, les tirages de poésie, habituellement limités en exemplaires, pourraient poser quelque problème s’ils étaient mis en circulation. Chacun sait que, dans ce domaine plus que dans un autre, les espoirs de réédition sont extrêmement rares et ce qui est perdu est perdu ! »
Si ce centre n’est pas intégré au réseau namurois de la Lecture publique, cela ne signifie pas qu’il ne tisse pas avec les différentes bibliothèques namuroises des collaborations débouchant sur des synergies ponctuelles. Ainsi, deux à trois fois par an, le « Centre François Bovesse » est associé à la bibliothèque à l’occasion d’opérations telles que la « Fureur de Lire » ou « Je lis dans ma commune. » « Cette collaboration se passe très bien, explique Aline Louis, attachée littéraire, les contacts sont bons et cette collaboration nous permet d’avoir une meilleure visibilité ou de nous faire découvrir à des usagers potentiels, ce qui pour nous est essentiel. »
Précisément, quel est-il ce public ? « La poésie est un domaine qui garde une connotation pointue, nous confie le directeur. En bibliothèque publique, c’est un rayon qui n’est pas fort questionné et, malheureusement, ici, nous faisons le même constat. Notre centre est fréquenté presqu’essentiellement par des chercheurs. » C’est dans ce souci d’adaptation que, depuis quelques années, une série de projets visant de nouveaux publics, dont les jeunes, sont mis sur pied par l’équipe présente. C’est le cas, par exemple, de l’organisation d’ateliers d’écritures proposés à partir des centres d’intérêt des participants et non d’un auteur en particulier mais aussi de la mise en évidence des ouvrages thématiques : les anthologies, les collections spécialisées. « Oui, nous devons adapter notre fonds aux demandes, poursuit Eric Brogniet. C’est assez rare que l’on vienne nous demander l’œuvre d’un tel poète ; par contre, il est plus fréquent que l’on nous demande un ouvrage qui évoque un sujet précis. »
Tous ces efforts d’ouverture portent leurs fruits : au total, onze mille usagers questionnent annuellement le fonds dont, globalement, un tiers de jeunes. Une belle récolte !
C’est aussi dans ce constant souci d’adaptation à de nouveaux publics que le « Centre François Bovesse » déploie une importante batterie d’actions en direction de l’enseignement en proposant des projets de sensibilisation à la poésie qui s’étalent sur l’année scolaire et ce, dans le cadre de collaborations ponctuelles ou durables. En tout, trois mille jeunes visitent annuellement le centre et y questionnent l’importante documentation souvent à partir d’un thème. Parallèlement, des animateurs en art plastique, acteurs et comédiens sont engagés pour finaliser le projet de recherche littéraire et lui conférer un aspect concret dont la dimension très professionnelle est à souligner : réalisation d’anthologies artistiques sur le thème du livre-objet, ateliers de mise en voix, spectacles sur des jeux de langage ou ateliers slam théâtralisés comme le permet la salle de spectacle située au rez-de-chaussée de la Maison.
Et là ne s’arrête pas la vie du « Centre François Bovesse » qui nourrit différents projets concrets pour continuer à creuser son sillon dans la vie culturelle en Communauté française : établir davantage de liens avec les étudiants des Facultés de Namur, avancer dans le dossier de numérisation des documents originaux et précieux et tisser encore davantage de synergies avec les écoles plus éloignées ou les bibliothèques publiques : « Là, où il y a des demandes, on est là et il faut rappeler que notre action ne se limite pas à la ville ou la province, conclut le directeur. Des ateliers spécifiques peuvent être organisés pour n’importe quelle école et pour tous les types d’enseignement. Quant aux idées de collaborations avec les bibliothèques publiques, quelle que soit leur origine géographique, elles sont les bienvenues… »
Peut-on imaginer plus poétique invitation ?
Françoise Vanesse
Centre de Documentation poétique
François Bovesse
Maison de la Poésie de Namur
28, rue Fumal
5000 Namur
Tel. 081/22 53 49
Fax. 081/22 43 69
info@maisondelapoesie.be
Ces superbes et très originaux livres-objets sont des anthologies réalisées dans le cadre de collaborations durables entre le « Centre François Bovesse » et des écoles d’enseignement secondaires.
© FIBBC 2004 - 2024 Politique de Confidentialité