Éloge de la plage

Publié le 25 juin, par Chloé Geron


Grégory Le Floch, Éloge de la plage, Payot & Rivages, 2023

Selon les prévisions les plus optimistes, une plage sur deux sera complètement effacée de la surface du globe d’ici 80 ans. Après trois romans, dont De parcourir le monde et d’y rôder primé en 2020, l’écrivain français Grégory Le Floch publie son essai Éloge de la plage aux éditions Payot & Rivages. Les dix parties de son ouvrage abordent la multitude de fonctions qu’ont remplies ces étendues de sable, de galets ou de roches volcaniques au fil du temps : de cimetières à campings hippies ou familiaux en passant par des stations balnéaires pour les résidents contraints d’hôpitaux psychiatriques. Habillés, dévêtus ou nus, on y amène sa chaise ou sa serviette ; on y dîne comme on y cherche de la compagnie. Le professeur de lettres parisien y a, pour sa part, découvert un lieu d’inspiration et d’hallucinations propice à l’écriture, en grand danger d’extinction. Lorsque ce ne sont pas les uns qui s’en emparent comme champs de mines pour leur bataille (même en 2023 !), d’autres s’en servent comme dépotoir à ciel ouvert ou comme marchandise de contrebande. Le lecteur est immergé dans ce voyage spatial et temporel qui lui laissera quelques grains de sable dans les cheveux ou entre les orteils. Le ton décontracté employé est celui que l’on réserve habituellement à l’anecdote et au récit de vacances. Mais il ne faut pas s’y tromper ! Par l’intermédiaire de références sérieuses et d’un propos solide, on y rencontre des intellectuels tels que l’essayiste argentin Alan Pauls, l’historien Alain Corbin ou encore l’anthropologue Jean-Didier Urbain. L’auteur nourrit encore son texte d’évocations d’artistes aussi variés que le compositeur Richard Wagner, le peintre Eugène Boudin, la chanteuse Madonna ou le réalisateur Éric Rohmer. On y découvre aussi les mots inspirants des écrivains Paul Morand, Henry David Thoreau ou encore Proust et Voltaire. Enfin, on y croise les journalistes d’investigation Séraphine Charpentier et Jérôme Sage. C’est ainsi que Grégory Le Floch nous fait l’éloge de ce « boulevard du monde » aux pouvoirs insoupçonnés, avant qu’il ne devienne un paysage imaginaire peuplant seulement les contes et les légendes.