Un bonhomme en objets… récup’ créative à la manière de Christian Voltz !

Publié le 10 avril 2013, par Sylvie Hendrickx


Faire découvrir aux enfants l’univers particulier de Christian Voltz, les sensibiliser à sa démarche très originale et les amener à expérimenter sa façon de créer des personnages à partir de nos « petits riens » quotidiens : tels furent les objectifs d’une série d’animations menées par Marina Pulsone, bibliothécaire-animatrice au Centre Multimédia Don Bosco de Liège avec six classes de l’école fondamentale Don Bosco allant de la 3e maternelle à la 2e primaire.

Société de (sur)consommation, abondance de biens, multiplication des déchets en tout genre… Depuis le siècle passé, ce phénomène a donné lieu à une série d’expressions artistiques inédites allant des « ready made » provocateurs de Marcel Duchamps aux œuvres surprenantes de sculpteurs tels Jean Tinguely, Arman ou encore César… On songe de nouveau à toute cette foisonnante mouvance de l’Art récup’ lorsque l’on découvre avec bonheur l’univers ludique et créatif de l’auteur et illustrateur alsacien Christian Voltz. Matériaux de récupération et détournement d’objets du quotidien constituent le support et le moteur inépuisable de son imaginaire. Après avoir réalisé de nombreuses sculptures au moyen d’objets, c’est tout naturellement en s’abreuvant à la même source d’inspiration qu’il en est venu à créer livres pour enfants mais aussi affiches d’évènements culturels et courts-métrages d’animation.

Lecture d’histoires faites de bric et de broc

Tout commence par une formule magique rituelle et le livre s’ouvre… L’animatrice plonge ainsi les enfants dans un bain d’images en leur contant trois histoires inventées et/ou illustrées par Christian Voltz : Comme chaque matin (Rouergue, 1998), C’est pas ma faute (Rouergue, 2001), et La souris et le voleur (Didier Jeunesse, 2002).

Après la lecture, l’animatrice amorce un temps d’observation autour des histoires drôles et de l’univers graphique surprenant de Christian Voltz.

En observant les illustrations agrandies de l’une de ces histoires qui vient d’être contée selon la technique du kamishibaï, les enfants repèrent quelques matériaux étonnants utilisés par Christian Voltz pour créer ses dessins : tissus, bois, boutons, fil, laine, métaux de canettes, bouchons de plastique… L’animatrice leur dévoile alors quelques « secrets » de l’artiste : c’est dans les tiroirs, les garages, les boites à outils qu’il puise son inspiration et les matériaux qui forment ses illustrations. Après avoir assemblé ses trouvailles sur une feuille, il crée une scène et en fait une photo qui deviendra une page de son livre. Le cahier d’activités Dans l’atelier de Christian Voltz. Objets pour jouer, dessiner, inventer (Rouergue, 2011) sert de support à cette explication.

On y découvre comment Christian Voltz joue avec les objets qu’il trouve autour de lui pour les métamorphoser et en faire des ingrédients et des personnages de ses histoires. Un cadenas devient ainsi une fusée ou un élégant sac à main tandis qu’un miroir se transforme avec quelques boutons et deux ou trois boulons en un drôle de visage. Quelques exercices oraux « Que voyez-vous… ? » réalisés à partir d’objets quotidiens des plus banals montrent clairement qu’à ce jeu-là l’imagination des enfants n’est pas en reste !

Création de son bonhomme en objets

Baigné dans un tel climat artistique, il est temps de passer à l’acte de création !

A partir d’un contour de visage tracé sur une feuille et proposé par Christian Voltz dans son cahier d’activités, les enfants sont invités à créer un petit personnage selon les techniques de l’illustrateur. Un seul impératif de base : n’utiliser ni marqueur ni crayon, juste des matériaux de récupération disposés en « self-service » sur une grande table. Petits bouts de tissus, morceaux de nappe à carreaux, ouvertures de canettes, bouchons en plastique colorés, rondelles d’écrou, pinces à linge, boulons, fil de fer…autant de possibilités pour munir son petit personnage d’yeux, pieds, bras, oreilles, cheveux…mais aussi d’habits, de coiffes ou de tout autre accessoire imaginé. Encore une simple consigne de départ pour un beau résultat : former le contour du visage avec un bout de ficelle ou du fil de fer comme l’illustrateur a lui-même coutume de le faire…

Un exemple rapidement montré par l’animatrice pour susciter l’envie sans brider la créativité, et c’est parti ! On obtient bientôt un monde de petits bonhommes tous différents se dotant de boucles d’oreilles, cils, et autres barrettes de cheveux au gré de l’imagination de leurs jeunes créateurs. Dans chaque classe, les élèves, loin de se contenter de figurer exclusivement le visage, les bras et les jambes multiplient les innovations : canne, moustache, collier…
Des résultats impressionnants sont ainsi obtenus avec du matériel de récupération dont tous les foyers regorgent. Une animation à décliner chez soi à l’envi…

Marina Pulsone, institutrice maternelle de formation et passionnée de théâtre amateur, crée et anime depuis quatre ans des activités alliant lecture et création au sein du Centre Multimédia Don Bosco de Liège. Un travail prenant et humainement riche puisque ces animations organisées en cycle d’environs un mois et demi s’adressent en général à 14 classes de l’école fondamentale Don Bosco et l’amène ainsi à côtoyer plus de 300 enfants. « La spécificité de mon travail est de créer des animations qui puissent tenir sur une plage horaire courte pour l’enseignant. C’est une collaboration brève mais néanmoins importante car les enseignants n’ont pas toujours le temps de mettre en valeur l’activité manuel en classe. De même, à la maison, on ne laisse plus suffisamment les enfants s’embêter, imaginer et créer à partir de rien. Or, c’est précisément ce que je souhaite leur montrer au cours de mes animations : on peut faire de chouettes choses avec très peu ! C’est pour cela que je privilégie des créations qu’ils peuvent reproduire et dont le papier reste la base. Christian Voltz est un auteur rêvé pour cela ! D’autant plus que la lecture de ses histoires fonctionne très bien en animation, surtout avec les enfants de 5 à 7 ans. Ce qui m’a surprise et réjouie au cours de ces séances a été de voir l’application avec laquelle les enfants se sont chacun lancés dans la création. Il s’agit d’une activité simple à mener, avec peu de consignes et qui leur laisse une grande liberté. L’intérêt est justement de voir ce que chaque enfant peut apporter au personnage. »

Les créations des enfants ont été exposées dans les vitrines de la bibliothèque. « C’est une belle reconnaissance pour le travail réalisé entre les murs trop souvent clos du local d’animation. Les enfants sont très fiers de voir leurs créations exposées même s’ils auraient bien souvent préféré les emporter tout de suite avec eux ! »

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