Tsiganes. Sur la route avec les Rom Lovara

Publié le 8 avril 2013, par Sylvie Hendrickx


Un récit de vie authentique qui nous plonge au cœur des réalités méconnues et colorées de la vie quotidienne rom.

YOORS Jan, Tsiganes. Sur la route avec les Rom Lovara, Phébus, 2004

Nous ne pouvions évoquer l’univers tsigane sans rappeler le témoignage culte du jeune anversois Jan Yoors, devenu dans son enfance « gadjo » (étranger) parmi les roms. Ce récit, malgré son grand âge (plus d’un demi-siècle !) n’a pas pris la moindre ride et se présente encore à nous avec bien des attraits et de nombreux charmes.
Celui, tout d’abord, d’une autobiographie passionnante et à peu près unique en son genre qui a conservé toute sa fraîcheur et sa spontanéité. Le petit Jan n’a que douze ans lorsqu’il découvre les gitans rassemblés sur le terrain vague. Fasciné par leur magnétisme et par l’air de fête qui les entoure, il apprend le romani et les côtoie jusqu’à devenir l’un des leurs au sein de la famille de Pulika, son père adoptif rom.
Ce témoignage plein d’empathie envers les Fils du vent nous offre en outre un éclairage ethnologique inédit et inespéré sur la vie quotidienne méconnue de ce « peuple invisible ». Nous partageons ainsi au fil des pages les deuils des Lovara, leurs rituels de mariage, la joie de leurs naissances et l’atmosphère inimitable des patshiv, légendaires fêtes tziganes peuplées de danses et de chants… Quelques « secrets » aussi nous sont confiés au fil des pages et nous éclairent, entre autres mystères, sur les fonctions sociales de la bonne aventure, l’étrange cartographie rom ou encore les entourloupes fréquemment jouées à la crédulité des gadje. Par ces révélations, l’enfant blond des roms entend nous dévoiler un peu de l’âme de ce peuple à part, en marge du temps qui, quels que soient les pays traversés, a su jalousement préserver sa culture et son intimité.
Dans un style tout en simplicité, empreint d’une poésie juste, sincère et enthousiaste, Jan Yoors nous livre un récit incroyablement visuel et sonore. Sa plume libre et légère retrace devant nous l’immensité de ce chemin qu’il a parcouru jadis et qui résonne encore aujourd’hui du piaffement des chevaux et des jeux d’enfants.