Sous les couvertures

Publié le 5 janvier 2015, par Sylvie Hendrickx


Un conte anthropomorphique subtil qui donne la parole aux livres eux-mêmes pour mettre en lumière les difficultés de la librairie et du monde du livre.

GUILLOT Bertrand, Sous les couvertures, Rue fromentin, 2014

Dans la vieille librairie de quartier, les livres en place s’agitent et s’inquiètent de l’arrivée prochaine des Prix littéraires de l’automne. Avec ceux-ci, c’est le couperet des retours qui s’annonce pour les oubliés de la dernière rentrée littéraire. Comment échapper au sort funeste de rotations toujours plus rapides ? Les livres tiennent conseil, parlementent et rêvent d’un coup d’Etat. Dimanche soir, lorsque la librairie dormira, ils prendront d’assaut la table des nouveautés et best-sellers pour se rapprocher des lecteurs. Tandis que le combat de la nuit s’annonce rude et semé d’intrigues pour les livres, les humains attachés à la librairie vivent eux aussi un congé dominical rempli de préoccupations personnelles : le vieux libraire qui se sent de plus en plus usé et dépassé, Sarah l’apprentie libraire aux prises avec les chamboulements de sa vie affective, et jusqu’aux auteurs rassemblés par un salon littéraire qui affichent des tempéraments savoureusement similaires à ceux de leurs livres. Nous suivons tour à tour ces protagonistes en proie aux luttes intérieures tandis qu’au bout de la nuit, l’aube s’annonce signe de grands changements pour la librairie.

Ce récit très construit met en scène un petit monde joyeusement coloré par des protagonistes d’encre et de papier conçus avec profondeur et malice, et dont les personnalités diverses relèvent en partie de leur genre et contenu : rêveurs, solennels, agitateur… Parsemé de clins d’œil et de réflexions littéraires, ce conte allie subtilement légèreté de la fiction et finesse d’analyse pour mettre en lumière pour le grand public les beautés mais aussi les difficultés du métier de libraire et plus largement du monde du livre.