Ma plus belle déclaration de guerre

Publié le 19 mars 2015, par Sylvie Hendrickx


Un roman d’aventure, doublé d’une réflexion profonde sur l’amour filial, qui plonge au cœur d’une mission humanitaire périlleuse et captivante en Afghanistan.

LALLEMAND Alain, Ma plus belle déclaration de guerre, Editions Luce Wilquin, 2014

Médecin suisse engagé, Roch Aebi parcourt de par le monde les zones de conflits, animé par de profonds idéaux humanitaires mais aussi par une soif, moins avouable, d’aventures et de nouveaux horizons. Pour répondre à sa vocation avec davantage de liberté, il décide de déclarer sa propre guerre, intime celle-là, à toute vie normale, à son couple, et même à Victor, ce fils aimé qu’il ne verra plus qu’épisodiquement entre deux départs. Il embarque ensuite pour l’Afghanistan dans le cadre d’une mission périlleuse et secrète mandatée par la Croix-Rouge. L’objectif en est exaltant et presque insensé : ouvrir des hôpitaux civils clandestins, et même des maternités, en zones contrôlées par les talibans. Pour parvenir à ses fins, Roch doit obtenir l’appui du Mollah Omar, le très insaisissable « commandeur » des talibans. Accompagné d’Abi, son guide afghan, il va s’enfoncer dans un univers hostile à tout occidental et tenter de gravir les échelons de hiérarchies rendues occultes par les coutumes locales, les codes sociaux, les non-dits et les intérêts divergents. Au cœur de ce voyage semé d’embûches, le médecin ne cesse de rebondir face à de multiples revers. Mais le jour où Victor disparait, Roch perd pied, amené à questionner sous un nouveau jour son délicat positionnement personnel entre devoir humanitaire et rôle de père.
Alain Lallemand, journaliste d’investigation belge ayant lui-même parcouru le monde nous livre un récit d’une grande densité, servi par un sens de la description époustouflant. De la chaleur poussiéreuse du désert de Kandahar aux forêts truffées de grottes troglodytes des frontières pakistanaises, les paysages somptueux mais ravagés par les conflits humains se déploient en subtiles palettes de couleurs, de sons et de senteurs. En résonnance avec la dualité de cette nature tour à tour refuge et zone de danger, l’auteur parvient tout en finesse à offrir d’un conflit long et complexe une vision non-manichéenne et terriblement humaine.