Publié le 19 octobre 2016, par
Un essai érudit qui tente de circonscrire un mode de transmission efficace et bienveillant de la littérature.
Qu’est-ce qui distingue l’essai d’Hélène Merlin-Kajman des nombreux ouvrages de défense de la littérature qui l’ont précédé ? C’est que la romancière, également professeur de littérature à l’Université de Paris III, entend aborder la résolution de la crise de la littérature sous un angle bien précis, celui de la transmission littéraire. Pour ce faire, elle nous invite à explorer la littérature non plus en tant que concept abstrait mais en tant qu’objet transitionnel, c’est-à-dire faisant le lien entre l’intérieur et l’extérieur, au même titre que le doudou pour le tout jeune enfant : « un lieu imaginaire et symbolique pour apprivoiser en commun nos points de souffrance et les transformer en plaisir, à condition que notre société lui ménage, via la lecture à haute voix aux enfants, l’enseignement et la critique, l’espace [...] qui rende plus aérée et plus réfléchie la rencontre avec le monde extérieur ». Un choix et une réflexion nécessaire selon l’auteure qui fait le constat d’une véritable culture du trauma très présente dans la littérature y compris dans la manière dont elle est transmise. En effet, en évacuant la question des sentiments que provoque la lecture sous couvert de dogme et de théorie littéraire, l’enseignement de la littérature tend pour Hélène Merlin-Kajman à placer trop souvent ses apprentis-lecteurs dans la gueule du loup. Construisant son raisonnement autour d’une série de scènes de lecture partagées avec ses fils ou ses élèves, mais aussi au détour de réflexions théoriques poussées et érudites, l’auteure circonscrit une véritable zone à défendre - la transmission littéraire bienveillante - pour l’épanouissement du lecteur mais aussi le respect des valeurs de nos sociétés démocratiques.
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