Carrefours de la connaissance et Foire du Livre 2007

Internet et édition électronique : nos bibliothèques sont-elles prêtes à jouer de nouveaux rôles et à assurer de nouveaux services ?

Publié le 11 avril 2007, par Gérard Durieux


Internet est la révolution technologique qui est à même de modifier l’ensemble des différents acteurs de la « chaîne du livre ». Mais, au cœur de ces différents maillons, c’est sans doute le métier de bibliothécaire qui va être le plus immédiatement bouleversé.Les bibliothèques de la Communauté française sont-elles prêtes à cette évolution ?

Comment, à l’heure du numérique, assurer les fonctions classiques des établissements de prêt : sélection et acquisition des œuvres, organisation de celles-ci en collections, conseil et orientation des lecteurs, archivage et conservation ?

Les bibliothèques de la Communauté française sont-elles prêtes à cette évolution ?

Quelques « artisans du métier » , Philippe Laurent (Association Belge de Documentation (ABD), Philippe Coenegrachts (Province de Liège), Laurence Delaye (Bibliothèque principale de Mons) et Jean-Michel Defawe, (Centre Multimedia Don Bosco à Liège) ont alimenté ce débat en dialogue avec Annick Vilain , conseillère de la ministre de la Culture.

Depuis une dizaine d’années, l’effort des praticiens s’est porté, un peu partout sur le terrain, vers des réalisations modestes ou d’envergure mais toujours résolument tournées vers l’avenir.

De Mons à Liège, on note la mise en place de catalographies informatisées, de consultations par internet, d’une meilleure visibilité sur le web des services offerts...
Mais si toutes ces initiatives constituent sans nul doute un début prometteur, il est clair qu’elles requièrent d’évidence, pour mieux se développer, davantage d’investissements financiers de la part de nos pouvoirs publics.

Et en effet, comme le soulignent les participants, il reste de nombreux problèmes à résoudre :

  Quelle politique pour la numérisation des ouvrages spécialisés en vue de la préservation du patrimoine ?
  Comment référencer l’archivage ?
  Peut-on rêver d’une collaboration entre les bibliothèques comme cela se passe au Danemark ?
  Comment mieux informer le large public des non-lecteurs et les aider à s’approprier l’espace des bibliothèques ?
  Comment rendre l’outil informatique plus utile socialement ( pour la recherche d’emploi par exemple ou dans la lutte contre la fracture numérique) ?

De l’échange, il apparaît que des pistes existent, tant pour pérenniser les supports que pour diffuser les trésors de nos bibliothèques. Et pour en faciliter l’accès au plus grand nombre ou en ciblant des centres d’intérêt plus particulier.

On suggère en ce sens, par exemple, l’informatisation de catalogues d’ouvrages de fonds locaux à l’intention de passionnés ou de chercheurs... Ou la reconstitution virtuelle d’un ensemble d’informations au sujet d’une période ou d’un personnage... Mais les participants s’entendent pour mettre en avant un obstacle de taille relatif à la diversité des logiciels selon les réseaux. Il reste un sérieux travail à affronter à propos des normes communes.

Ce débat foisonnant mais trop bref, n’a pas non plus fait l’impasse sur la question fondamentale de la pédagogie : comment former les élèves à une utilisation intelligente, judicieuse et critique des sites. En particulier dans le cadre des travaux scolaires. Quelle pourrait être ici la tâche spécifique d’une bibliothèque en lien avec le corps enseignant ?
Bref, des questions et des tentatives de réponses, de la créativité en face des nouvelles sollicitations, pas assez de moyens sans doute, quelques promesses...

Mais, ce que l’on retiendra essentiellement de ce débat, c’est le vibrant plaidoyer final des participants en faveur d’une redéfinition du rôle de la bibliothèque dans ce large contexte évolutif. Et, comme le souligne Jean-Michel Defawe, vice-président du CSBP, « Il faut que la bibliothèque soit remise au centre d’une offre plurielle comme lieu où l’on pourrait tout trouver, médiation entre la demande des utilisateurs et l’offre des différentes sources informatives et culturelles ».