Publié le 3 octobre 2018, par
Ces dernières années, le service Ecrivain public a trouvé sa place au cœur de nombreuses bibliothèques offrant aux usagers la possibilité d’être accompagnés dans la compréhension ou la rédaction de différents écrits et ce, dans le cadre de démarches administratives ou personnelles. Ce service constitue une offre primordiale qui répond aux exigences décrétales à plus d’un titre ! En effet, non seulement il permet de toucher des non-publics mais également de rendre confiance aux personnes concernées dans leur rapport à l’écrit et ce, dans une perspective de valorisation de leurs droits, de lutte contre les inégalités et donc d’accès à leur pleine citoyenneté.
Voici maintenant neuf ans que France Thomson, bibliothécaire, assure ce service à la bibliothèque de Marchin où elle nous reçoit en compagnie de Nicolas Fanuel, responsable. C’est à l’initiative de ce dernier que ce service a été lancé dès 2009 dans les localités de Marchin et Modave et qu’il s’est ensuite développé en collaboration avec la bibliothèque publique de Huy mais également avec le réseau de Lecture publique Burdinale-Mehaigne regroupant les bibliothèques de Braives, Burdinne, Héron et Wanze. « Notre bibliothèque, explique Nicolas Fanuel, conserve cependant la gestion pratique et administrative de ce service dont nous transmettons les résultats via notre plan quinquennal. »
Précisément, en matière d’organisation, le projet a vu le jour sous forme de permanences assurées par France Thomson dans chaque bibliothèque. Ce mode de fonctionnement s’est cependant rapidement révélé particulièrement chronophage et a été abandonné au profit d’une formule mixte : d’une part, une permanence unique qui se tient à la bibliothèque de Huy à raison de deux mercredis par mois et d’autre part, une possibilité de prise de rendez-vous via un numéro de téléphone exclusivement dédié à ce service. Misant sur la flexibilité, cette organisation permet à France Thomson de rationaliser ses déplacements dans les différentes communes en fonction des besoins réels et ainsi de couvrir efficacement la demande sur ce vaste territoire tout en menant à bien l’ensemble de ses missions de bibliothécaire. Depuis un an, elle a par ailleurs été rejointe par un collègue retraité et bénévole, Joseph Cornet, qui prend en charge une partie des séances de permanence.
Mais quels sont les objectifs poursuivis par les bibliothécaires au travers de ce projet ? Pour France comme pour son responsable, il est tout d’abord évident que ce service rencontre pleinement la mission d’ouverture de la bibliothèque aux non-publics. Car, même si les personnes qui font appel à cette offre ne deviennent pas forcément des usagers réguliers, le service Ecrivain public constitue malgré tout une porte d’entrée différente vers la bibliothèque. Ensuite, ce service qui vise à permettre aux gens de s’exprimer et aussi d’exercer leurs droits, rencontre également pleinement les missions confiées aux bibliothèques en termes d’exercices de la citoyenneté. Enfin, il se révèle un lieu privilégié de lutte contre la fracture numérique à travers la sensibilisation de ces usagers aux outils informatiques disponibles au sein des EPN.
Outre cette importante richesse au niveau des objectifs, il est intéressant de pointer la diversité des profils rencontrés : des personnes de tous âges et aux parcours personnels très variés. « Les publics fragilisés ou en grande précarité ne constituent pas la majorité, souligne France Thomson. Il s’agit surtout de personnes qui ont, pour diverses raisons, un manque de confiance en elles par rapport au domaine de l’écrit. » Quant aux demandes, elles apparaissent tout aussi variées : démarches administratives, courriers de demandes ou de réclamations, courriers personnels…
Fait révélateur que ce service est bien ancré dans la réalité sociétale, les bibliothécaires ont remarqué depuis quelques années une augmentation des demandes en lien avec la recherche d’emploi à travers la rédaction de CV et de lettres de motivation. En accord avec cette situation, la bibliothèque a décidé de proposer, sur ces sujets et en plus de l’aide individuelle, des séances de travail à destination de groupes. Ainsi, France Thomson se rend régulièrement dans des classes de sixième secondaire mais aussi dans des salons de l’emploi en partenariat avec différents organismes comme Infor-jeunes, le CISP (Centre d’Insertion Socio-Professionnel), le COF… Ces actions menées en dehors des murs de la bibliothèque permettent de mieux rencontrer la demande mais aussi de mettre un visage sur un nom et de démystifier le terme « écrivain public ». Dans ce sens, France Thomson souligne également l’important travail de communication réalisé pour se faire connaître auprès de tous les services communaux susceptibles d’orienter leurs usagers vers cette offre de la bibliothèque : CPAS, Maison de justice, mutuelles…
Pour accompagner ces usagers aux profils multiples dans leurs diverses demandes, France Thomson doit, elle aussi, faire appel à une panoplie de compétences très diversifiées ! En premier lieu, elle évoque bien évidemment son goût pour l’écriture, doublé de bonnes capacités rédactionnelles et de synthèses. Mais elle souligne également sa volonté d’inscrire sa démarche dans une visée d’éducation permanente : « Mon rôle est d’assurer une bonne formulation du courrier mais les usagers doivent être conscientisés au fait qu’ils ont aussi leur part de responsabilités. Constituer un dossier, établir une chronologie des faits, être aussi précis et honnête que possible : tout cela permet d’être cohérent dans sa démarche avec de meilleures chances de la voir aboutir. »
France Thomson insiste enfin sur l’importance de l’écoute et de l’ouverture d’esprit. La fonction d’écrivain public se résume fondamentalement à écouter la demande de l’usager et, en aucun cas, à la transformer ou se l’approprier. « La personne doit pouvoir considérer le courrier comme si elle l’avait écrit elle-même. Elle doit tout comprendre de son contenu et pouvoir le justifier si elle rencontre un interlocuteur par la suite. » Un accompagnement personnalisé qui n’est pas sans difficulté. « Il nous arrive de devoir écrire à partir de ce que les gens ont vécu. Nous devons dépasser un certain niveau d’émotion, sans négliger leurs ressentis, mais en nous concentrant sur les faits, les documents. »
Pour respecter cette posture exigeante, la formation est capitale et assurer la fonction d’écrivain public ne s’improvise évidemment pas ! Dès 2008, avant le lancement du projet, la bibliothécaire a suivi la formation « Ecrivain public » proposée par Présence et Action Culturelles (PAC), tout comme son collaborateur Joseph Cornet, par la suite. « Bien que cela ne constitue pas une obligation légale pour exercer la fonction d’écrivain public, se former m’apparait tout simplement indispensable ! La formation de PAC apporte des acquis, des connaissances mais aussi un recul fondamental », explique-t-elle. Pour France Thomson comme pour son responsable, Nicolas Fanuel, la professionnalisation de ce service apparait en effet comme une visée tout à fait incontournable pour en assurer la pérennité mais surtout la légitimité.
Mme France Thomson
Permanences à la Bibliothèque locale de Huy (Rue des Augustins, 18A) tous les 1ers et 3èmes mercredis du mois, de 9 à 12h.
france.thomson@marchin.be
Numéro de contact : 0498/ 71 76 34
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