Publié le 31 mars, par ,
Découvrir les contes étiologiques et sensibiliser de manière ludique et créative aux animaux en voie de disparition ou de réapparition par le biais de la création d’un livre aux illustrations énigmatiques qui mêle informations scientifiques et fictions imaginatives, tels furent les objectifs de cet enthousiasmant projet PECA mené de janvier à mars 2024 par Valérie Detry, animatrice et médiatrice culture-école pour la fibbc en partenariat avec les classes de 3e primaire de Mme Hélène et Mme Marjorie à l’école Saint Feuillen de Fosses-la-Ville.
Cette initiative s’inscrit dans le dynamisant contexte de la 8e Biennale Internationale du Livre d’Enfants « Motamo ». Un projet pédagogique de grande ampleur initié et supervisé par Alain Regnier, professeur de la section « Arts » à l’Athénée provincial de La Louvière qui invite les écoles à créer des livres artistiques avec les enfants autour d’une thématique volontairement ouverte et inspirante – pour cette édition : les « fabulanimo » ! Cette ambitieuse proposition a suscité depuis sa première édition en 2011, un engouement toujours plus grand, et la création de plus de 600 livres par des élèves de Belgique mais également d’écoles au-delà de nos frontières (Italie, Espagne, Angleterre mais aussi Pologne, Chine, Iran et jusqu’à une classe d’Australie !) Les livres créés sont ensuite rassemblés au sein d’une exposition très professionnelle entièrement gérée par les élèves de 5e et 6e années d’Alain Regnier. Une incroyable opportunité d’apprentissage allant de la scénographie de l’exposition et d’un travail d’infographie autour de certains dessins, en passant par le montage, l’organisation du vernissage et jusqu’à l’accueil d’autres classes et l’animation d’ateliers d’impression au sein de l’exposition.
Très vite est née l’envie d’embarquer, nous aussi, des enfants dans cette aventure ! Un projet concrétisé suite à la rencontre de Mme Hélène et Mme Marjorie lors d’un atelier organisé par Thierry Gridlet, référent PECA du SeGEC, visant à mieux faire comprendre les enjeux des Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique (PECA) aux enseignant·e·s de l’entité du namurois et à les mettre en lien avec des opérateurs culturels tels que la fibbc dont l’offre PECA s’inscrit dans la promotion du livre et de la lecture. Les deux institutrices souhaitaient explorer l’univers des contes étiologiques ou « contes des origines ». Ces récits des « pourquoi ? », souvent issus de la mythologie et des traditions orales, apportent des explications relevant de l’imaginaire sur l’origine et le fonctionnement d’éléments du monde qui nous entourent. Par exemple : « Pourquoi la mer est-elle salée ? », « Pourquoi les girafes ont-elles un long cou ? »,…
Et précisément, quelle formidable porte d’entrée pour aborder ces contes étiologiques que les animaux et les questionnements fabuleux que leur observation suscite !
Première étape : découvrir comment un livre vient au monde
Réunis dans la classe-bibliothèque de l’école, les enfants répartis en sept petits groupes ont tout d’abord cherché à reconstruire la chaîne du livre et ses différents métiers : auteur-illustrateur, éditeur, imprimeur ou encore libraire et bibliothécaire, à partir de l’ouvrage Comment fait-on un livre ? d’Anne-Sophie Baumann. La découverte de cet album-documentaire très coloré et animé a permis d’aborder les étapes de la création d’un livre afin d’introduire le projet de créer collectivement notre « livre des Pourquoi » autour de fabuleux animaux. L’ouvrage Un livre ça sert à quoi ? de Chloé Legeay nous a ensuite permis d’aborder la distinction et la complémentarité entre livres de fiction et documentaires rangés dans la classe-bibliothèque de l’école et ce, en vue d’aborder notre étape suivante.
Deuxième étape : se questionner et imaginer…à tous les enfants qui posent des questions !
Parmi le bain de lectures qui a permis d’introduire notre projet, quelques contes des origines et l’album Et pourquoi…la girafe a un long cou ? d’Isabelle Ricignuolo. Mais surtout l’album Mytho Animaux : stop les Intox d’Agatha Lievin qui mêle informations scientifiques et farfelues et a servi de base à notre propre livre. Très ludique, il nous a permis de nous poser des questions sur ces fabuleux animaux qui nous réservent bien des surprises ! Et non les pies, par exemple, ne sont pas de redoutables cleptomanes chipant tout ce qui brille ou les caméléons ne changent pas de couleur pour se camoufler mais selon les émotions qui les traversent …
Suite à ces lectures, les enfants ont choisi, par groupe de deux, un animal et effectué des recherches documentaires à partir de livres et documents rassemblés au préalable par nos soins. Parmi leurs découvertes, ils ont été invités à retenir sous la forme d’une question, une information surprenante concernant leur animal et à prolonger la réponse « scientifique, naturaliste » qu’ils avaient trouvée par une réponse farfelue et imaginative.
Pourquoi le requin a-t-il tant de dents ?
Pourquoi le pic vert enroule-t-il sa langue autour de son cerveau ?
Les enfants ont partagé leur découverte et leur réponse créative sous la forme d’un jeu de devinettes devant la classe. Cette étape a été l’occasion de peaufiner ensemble les petits textes de chacun·e dans une joyeuse dynamique d’intelligence collective.
Troisième étape : une illustration abstraite qui invite à imaginer et s’interroger
Afin d’aborder cette étape d’illustration, les enfants ont eu l’opportunité de rencontrer un jeune illustrateur, fils d’une des institutrices de l’école, qui leur a partagé sa passion et a éveillé leur attention au fait que l’illustration doit apporter une plus-value dans un album et ce, en leur présentant une série d’albums sans texte. Ils ont également été amené à observer différents livres intéressants du point de vue de l’illustration, notamment par leur dimension énigmatique suscitant l’envie chez le lecteur de s’interroger, tel Axinamu de Pittau et Gevais.
C’est enfin l’album Zooscope des animaux disparus de Marie Donzelli et Marie Gastaut qui a servi de base au travail d’illustration proprement dit de notre livre. Permettant de sensibiliser à la notion d’animaux en voie de disparition et de réintroduction, cet imagier surprenant présente des illustrations circulaires énigmatiques autour de l’œil d’un animal, l’évoquant par de subtils détails, tandis qu’en vis-à-vis un texte nous invite à deviner son identité. Toujours par groupe de deux, les enfants ont réfléchi et réalisé à leur tour un mandala autour de l’œil de leur l’animal afin d’évoquer celui-ci de manière mystérieuse. Nous avons accompagné les enfants dans la réalisation de cette illustration, en travaillant la notion de dégradé de couleur au départ de l’œil, mais également le collage de textures et le travail du contraste au moyen de feutres noirs pour donner plus de relief à leur mandala et faire ressortir des éléments de ce dessin réalisé au crayon.
Quatrième étape : une illustration surprise grâce à un système de flaps
Les enfants ont ensuite réalisé une seconde illustration aux crayons aquarellables, une nouvelle fois rehaussée de contrastes au feutre noir et de textures, afin de représenter cette fois soit la réponse imaginaire soit scientifique de leur petit texte concernant leur fabuleux animal. Ces différents dessins ont ensuite été rassemblés au sein d’un cahier cartonné A3 relié par des spirales dont chaque page est consacrée à un animal. Un système de flaps permet de découvrir sous la première illustration mandala énigmatique, la seconde illustration davantage figurative ainsi que le texte des enfants créant ainsi un effet de surprise et de découverte. Les enfants ont enfin habillé le fond de leur page en illustrant autour de leur mandala les pattes et queue de l’animal avec une attention à la sobriété visant à conserver la lisibilité et l’unité entre leurs illustrations. La couverture du livre a, quant à elle, fait l’objet d’un travail de collage d’un élément « rappel » de la tête de chacun des animaux présents dans les illustrations des enfants formant comme une joyeuse ronde animale.
Cinquième étape : célébrer, partager dans une dynamique d’inclusion
Après avoir travaillé l’oralisation, les 36 enfants de ces deux classes de 3e primaire ont présenté et lu leur livre dans la classe-bibliothèque de l’école aux classes de 1ère et 2e primaire et également à une classe d’enfants malentendants de l’Irsa (Institut Royal pour Sourds et Malentendants). En présence de Thierry Gridlet, référent PECA, et également de la directrice de l’école, Evelyne Ficart, fière de cette dynamique d’inclusion et des multiples compétences développées tout le long de ce projet par les enfants.
En effet, comme le rappelle souvent Alain Regnier : « Concevoir un livre en incluant tous les élèves d’une même classe est primordial. Les techniques pédagogiques utilisées pour la composition des textes et des illustrations permettent de niveler les résultats faisant en sorte que tous les acteurs se retrouvent à l’intérieur d’un même livre-objet. Il n’y a plus les ‘plus beaux dessins’ et les ‘plus beaux textes’, il n’y a que des dessins et des textes intéressants. »
Le projet de ce beau livre coopératif va donc continuer son aventure à la 8e Biennale Internationale du Livre d’Enfants organisée cette année au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière du 5 avril au 25 mai. Vous y êtes tous les « bienvenus… » pour vous donner envie à votre tour de réaliser d’autres livres d’enfants …
Bibliographie
www.motamo.org
www.fibbc.be (onglet « Projet PECA »)
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