Bilan du CSBP à la Foire du Livre 2006

Carrefour d’états d’âmes...

Publié le 24 février 2006, par Françoise Vanesse


C’est maintenant devenu une tradition, le Conseil Supérieur des Bibliothèques publiques profite de la Foire du Livre pour communiquer aux bibliothécaires, venus cette année en nombre, le fruit du travail accompli.

« La lecture publique, on en parle et on veut en parler » !

Voilà bien un point , sur lequel, les membres du Conseil Supérieur des Bibliothèques publiques semblent d’accord !

Mais, quand on aborde la question relative à la manière d’en parler, là, les avis divergent et les chemins se séparent...

Si Jean-Michel Defawe, Vice-Président, préfère emprunter les voies qui mènent au front en soulignant différents points névralgiques très handicapants pour l’avenir du secteur, Joël Matot veut, lui, positiver...
Quant à Viviane Barras, elle préconise, exemples d’expériences étrangères à l’appui, le « remue-méninge » et encourage les bibliothécaires de la Communauté française à se repositionner et à innover pour mieux se faire entendre.

Faites votre choix !

Après avoir notamment rappelé le poids culturel que représentent nos bibliothèques publiques avec leurs 20,6 % de pénétration auprès du public et se féliciter que la Ministre Laanan ait pris en charge la rémunération du Droit d’auteur pour 2004, la Présidente Annick Macquestiau donne la parole au Vice-Président Jean-Michel Defawe.

Des chemins qui mènent au front...

S’il se réjouit que la vaste opération des Etats Généraux ait été l’élément révélateur d’une volonté de transparence de la part de la Ministre mais surtout ait provoqué une importante mobilisation au sein du secteur de la Lecture publique, il convie néanmoins son auditoire à emprunter les chemins de la déception déjà balisés dans l’article rédigé avec la Présidente de l’Apbd Laurence Boulanger et intitulé « Etats Généraux de la Culture : les bibliothèques sombrent dans l’oubli ». (1).

Il s’interroge :

 Qu’est devenu le cahier des revendications des bibliothécaires que l’on ne retrouve pas dans le document final proposé par la Ministre ?
 Où est passé le projet de rééquilibrage entre les salaires des bibliothécaires et ceux des travailleurs des autres secteurs culturels ?
 Quid de l’intégration volontariste des nouvelles technologies ?
 Qu’en est-il du soutien aux associations professionnelles de bibliothécaires qui vivotent avec une subvention annuelle dérisoire ?
 Où est la trace de projets de partenariats avec les secteurs de l’enseignement et d’une suite à l’opération
« Contrats-Lecture » tant souhaitée par les acteurs du terrain que ce soit côté enseignants ou bibliothécaires ?

Dès lors, il signe clairement son intervention :
« Notre profession est dévalorisée et manque de moyens financiers. Nous n’avons nullement besoin, comme le propose la Ministre, d’être « redynamisés » mais , par contre, nous attendons un refinancement du secteur ».

Des chemins pavés de bonnes intentions

« Ne jouons pas les caliméro ! », enchaîne Joël Matot.

Celui-ci préconise en effet d’utiliser une rhétorique plus positive.
Il faut mettre en avant les forces des bibliothécaires : doper les P.O en les sensibilisant davantage à l’action des bibliothèques et convaincre les politiques que les lecteurs sont aussi des électeurs.

En fin d’intervention, Viviane Barras prend la parole.

Des chemins sans détours...

D’emblée, elle emprunte un chemin sans détours !

Et pointe la responsabilité des bibliothécaires dans la mauvaise image donnée du secteur. « Si nous ne sommes pas entendus, nous avons une responsabilité » dit-elle.
« Nous devons en effet, comme cela se fait chez certains de nos voisins, encourager le dialogue, la transversalité, repenser nos missions et réfléchir sur les mutations que vivent nos bibliothèques afin de mieux nous repositionner dans notre société ».

La parole fut ensuite donnée à l’auditoire.

Quelques intervenants, en résonance d’ailleurs avec les différents discours, témoignèrent de leurs expériences positives et relatives à la transversalité ou à l’innovation, d’autres déplorèrent le manque de budget pour mener à bien des projets.

Les deux représentants des associations professionnelles, à l’invitation de la Présidente, exposèrent les axes de leurs démarches mais insistèrent également sur la bonne entente et collaboration qui unit leurs deux associations.

Ainsi se termina cette présentation très vivifiante.

En effet, les membres du CSBP, par leurs responsabilités et personnalités différentes, offrent aux bibliothécaires un discours foisonnant, étayé et encourageant l’esprit critique.

Mais, attention à ne pas proposer trop de pistes de réflexions ou dialectiques divergentes qui induiraient inéluctablement à un possible fourvoiement...

En effet, la convergence n’est-elle pas aussi gage de bonne arrivée ?


(1) « Etats Généraux : les bibliothèques sombrent dans l’oubli ? » in « Lectures », n° 144, pp 4-5.
Article également paru dans « Biblirama », n° 78.