Résultat de l’enquête Pisa sur la lecture


C’est un événement toujours attendu. L’OCDE a publié, ce mardi 3 décembre 2019, les résultats de sa dernière enquête Pisa (79 pays ou systèmes éducatifs, dont la Fédération Wallonie-Bruxelles ont pris part à ce septième cycle). Comme tous les trois ans, ce sont les élèves de quinze ans (3.221 natifs de 2002 issus de 107 établissements, à différents niveaux de leur parcours scolaire) qui ont passé les deux heures de test dans trois matières  : la lecture (avec un focus particulier sur cette compétence-là pour cette édition 2018), les math et les sciences.

On a fini par s’habituer aux médiocres bulletins Pisa… Depuis 2000, la Fédération Wallonie-Bruxelles semble irrémédiablement engluée en milieu de tableau. C’est vrai notamment en compréhension de l’écrit, la « majeure » de cette édition : le score moyen des jeunes belges francophones est inférieur à la moyenne de l’OCDE (481 contre 487).

La Belgique occupe la 25e place contre la 28e, il y a trois ans, mais avec deux points de moins qu’à l’époque. Loin de l’Estonie (523 points), du Canada, de la Finlande… et aussi de la Pologne qui réalise un bond de géant dans les trois épreuves (elle est aux portes du top 5). La Flandre se classe dans le top 15 en lecture (502 points) et la Communauté germanophone juste derrière la FWB, mais elle perd 18 points.

A titre d’exemple, l’Estonie, que Pisa place en tête des membres de l’OCDE. Ce pays ménage des liens étroits entre crèches et maternelles. Il dispose, dans chaque école ou à proximité, de spécialistes (psychologues, orthophonistes, sociopédagogues) mobilisables gratuitement en cas de difficultés. Il mise aussi sur le plaisir, vante Maie Kitsing, au ministère de l’éducation estonien. « Toute école a sa bibliothèque. Et dans les bibliothèques publiques, les enfants sont souvent invités à présenter aux autres les livres qui leur ont plu. »

Comme l’écrit Francis Van de Woestyne dans son éditorial de LA LIBRE du 4 décembre 2019 : « … Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même." (Daniel Pennac). L’avons-nous bien compris ? Pas sûr. L’étude Pisa confirme le tassement des capacités des jeunes francophones en lecture. Personne ne devrait se contenter de ce consternant constant constat. Les autorités se veulent rassurantes. Le Pacte pour un enseignement d’excellence doit améliorer les mécanismes d’apprentissage. Mais il faudra patienter des années avant d’en voir les résultats. C’est trop long, trop lent : il faudrait accélérer le rythme… »

La chaîne d’information continue « LN24 » a consacré un débat à ce problème des difficultés de lecture chez les jeunes et aux solutions que l’on pourrait mettre en place pour y faire face. J’ai été effaré : pas un des interlocuteurs dans cette séquence d’une heure n’a cité l’univers des bibliothèques avec les nombreuses réponses apportées par ce secteur sur le terrain. Que faire pour être vraiment identifié, à notre juste poids, par les partenaires de l’enseignement ?

Et Francis Van de Woestyne de conclure : « …L’enjeu est crucial. Maîtriser la lecture, c’est être en capacité de comprendre les subtilités d’une langue, d’une philosophie, d’une pensée, d’un discours. En ces temps de dérive climatique, l’accent est mis sur une question, essentielle : quelle Terre laisserons-nous à nos enfants ? Il en est une autre, aussi cruciale : quels enfants laisserons-nous à la Terre ? … ». Nous ne pouvons que partager son avis.