Regards croisés sur les bords de mères...

Mémoires d’outre-mère

Publié le 18 janvier 2007, par Gérard Durieux


Guy Bedos nous livre ici une évocation impitoyable de son enfance et nous entraîne dans la tournmente de sa relation avec une impossible mère.

BEDOS Guy, Mémoires d’outre-mère, Stock ,2005. LP 30498

Bien sûr, il y a ici les « têtes » de la politique française : Giscard, Mitterrand, Rocard... Et le célèbre satiriste manie alors la provocation et l’imprécation.

Nous connaissons ses colères pourfendeuses. Mais nous savons aussi ses discrètes tendresses.

Le meilleur de ce petit texte tient dès lors à l’évocation de son enfance algérienne. Mais les bonheurs passionnés et enchanteurs du séjour algérois font vite place aux blessures d’une relation impossible avec sa mère belle, violente, coureuse, « une femme qui, indiscutablement, a contribué à gâcher mon enfance, un grand pan de mon adolescence et même une parcelle plus secrète de ma vie d’adulte ». Des souvenirs pénibles donc, mais « Ni haine ni rancune. De la mémoire. »

Restent des pages impitoyables.

En contrepoint, la douce figure de « Finouche », sa
« petite mère », sa « belle fermière- institutrice algéroise » qui lui a appris à lire et à penser, qui pour toujours a fait de lui un citoyen du monde. Soixante ans plus tard, il a cherché à la revoir. Au terme de ces confidences, il raconte avec émotion leurs retrouvailles. Elle avait alors 92 ans.

Mais avouant encore s’être rapproché de sa vieille mère malade, il glisse, pudique et féroce : « De toute évidence, elle ne m’en veut pas du mal qu’elle m’a fait ». Une « mère à boire » assurément difficile à avaler.