Regards croisés sur les bords de mères...

Leur histoire

Publié le 18 janvier 2007, par Gérard Durieux


Un roman attachant, à la plume sensible et précise sur le lien qui tient une mère et sa fille.

MAINARD Dominique, Leur histoire, Ed. Joëlle Losfeld, 2002 (Gallimard 2006)

Anna a six ans. Elle n’a jamais parlé. Nadèjda, sa mère- la narratrice- a refusé d’apprendre à lire car dans la famille règne une étrange peur des mots. Des « traîtres et des voleurs » qui peuvent donner la mort ou vous enlever l’amour de ceux qui vous sont chers.

La mère d’Anna travaille dans une oisellerie, toute préoccupée de son enfant fleur, nouée à elle. Elle rencontre Merlin qui travaille dans une école pour malentendants. Il va user de patience et d’attention pour redonner la parole à Anna. Son amour discret accompagne la mère fragilisée par une profonde mésestime d’elle-même.

Au terme du roman, c’est le cri retrouvé d’Anna qui sauvera de la mort sa mère désespérée. « J’entendais toujours la petite fille crier, elle criait ce mot que les enfants disent à leur mère et j’ai su alors que nous étions sauvés, j’ai su que notre histoire commençait là et que nous ne mourrions jamais ».

Ce roman attachant, à la plume sensible et précise sur le lien qui tient une mère et sa fille, s’offre comme une plage de paix.

Il nous ménage les échappées que réservent les contes : des oiseaux traversent l’histoire, la mer et le ciel s’y confondent... ; un sifflet, un masque, des bulles de savon y sont les modestes instruments d’une conjuration de la tendresse.

Car il importe que s’apprivoise le souffle d’une enfant pour qu’elle délivre son mot d’amour...