Regards croisés sur des notes de musique

Le voyage inachevé de Jehudi Menuhin

Publié le 16 janvier 2006, par Gérard Durieux


Ecrit avec rythme et vivacité, ce livre est une histoire d’amour, pour la musique et pour les êtres.

MENUHIN Yehudi, Le voyage inachevé, Seuil, 1977 (Actuels A27)

C’est à la veille de sa soixantième année que le grand violoniste américain, né de parents juifs russes, faisait paraître cette copieuse et passionnante autobiographie en anglais.

Inauguré en 1916, le voyage de ce « citoyen du monde » allait s’achever en 1999.

Ecrite avec « une vivacité et un rythme dignes de son jeu" », cette somme d’événements, de souvenirs, de réflexions et d’engagements nous emmène à travers tous les univers géographiques, politiques, culturels et religieux de ce siècle.

Ce livre est une histoire d’amour, pour la musique et pour les êtres : de ses parents et de Diana, son épouse et son
« hôte céleste sur ce chemin terrestre » aux jeunes musiciens de l’école qu’il a fondée à Stoke d’Aberdon pour soutenir les nouveaux talents...

« Je sais maintenant qu’il y a un Dieu au ciel ! » se serait écrié Einstein après l’avoir entendu à Berlin.

A fréquenter ainsi un homme doué certes mais qui, de plus, ne s’est jamais résigné et a passé sa vie à réaliser des utopies, on saisit mieux d’où venait le rayonnement extraordinaire de cette personnalité universellement aimée et qui côtoya les plus grands.

On ne peut alors que souscrire aux propos pertinents du grand critique Georges Steiner :

« Menuhin a transformé la musique qu’il interprète en une expression totale, en une incarnation de l’être... L’écouter c’est être littéralement convoqué, d’une façon intime et directe, par sa propre présence. C’est une présence qui semble aller au-devant du monde et de soi-même avec la politesse souveraine du cœur ».

La musique faite homme, l’homme devenu musique ? La vie très accomplie en tout cas d’un génie qui écrivait : « La musique nous est offerte avec la vie ».

Mais comment restituer un pareil talent ?