Je ne capitule pas. Après les attentats de Charlie Hebdo : à quoi ça sert un prof ?

Publié le 13 octobre 2015, par Sylvie Hendrickx


Les réflexions d’une enseignante sur le rôle de sa profession face aux tourmentes de l’actualité.

LAMOUREUX M.S., Je ne capitule pas. Après les attentats de Charlie Hebdo : à quoi ça sert un prof ?, Don Quichotte, 2015

Marie-Sandrine Lamoureux est « prof’ de français » en banlieue parisienne depuis vingt ans. Au lendemain des attentats du 7 janvier contre la rédaction de Charlie Hebdo, elle s’interroge sur le sens de sa profession et revient sur son vécu d’enseignante dans les jours qui ont suivi ces évènements : le bouillonnement d’émotions à canaliser dans ses classes, les questionnements nombreux… Ceux de ses adolescents d’abord, révoltés ou meurtris. Mais aussi les siens : comment réagir face au fossé qui se creuse sous ses yeux entre des élèves qui sont « Charlie » et d’autres qui ne le sont pas… ou que l’on accuse de ne pas l’être ? Comment en est-on arrivé à ce qu’une part des jeunes qu’elle côtoie ne se reconnaisse plus dans les valeurs démocratiques ? Face à cette situation interpellante, M.S. Lamoureux ressent l’urgence de réaffirmer la place des enseignants en tant qu’ « interprètes du savoir ». Défendant les valeurs qui lui sont chères - liberté, égalité, fraternité, mais aussi tolérance et laïcité – elle partage la manière dont elle tente de les faire vivre au quotidien dans ses classes à travers un travail de déconstruction des préjugés et de reconstruction du sens. Ses armes dans cette entreprise ardue : la littérature et les arts. Car cette passionnée de lecture est habitée de mille références susceptibles d’éclairer notre temps et croit fermement au pouvoir de la culture. A travers sa réflexion, elle s’insurge également du procès qui est fait à l’école d’avoir failli à ses missions, et invite chacun, en tant qu’adulte et éducateur, à réfléchir aux jalons à poser pour offrir aux adolescents des perspectives nouvelles au sein de la société. Parce qu’aux yeux de cette enseignante tous ces jeunes en valent la peine et, par leur quête de sens et de bonheur, ne sont décidément pas si différents de ceux d’hier. Avec beaucoup d’authenticité et un franc-parler revigorant, Marie-Sandrine Lamoureux nous livre un texte fort, celui d’une personnalité résolument debout, à l’image de son titre : « Je ne capitule pas ».