Des épidémies, des animaux et des hommes

Publié le 17 décembre 2020, par Sylvie Hendrickx


Une passionnante relecture de l’histoire des épidémies sous l’angle des relations entre l’homme et les animaux.

MOUTOU François, Des épidémies, des animaux et des hommes, Le Pommier, 2020

Voici déjà un an que l’apparition de la Covid-19 a sidéré l’ensemble de la planète. Pour autant, l’émergence de cette maladie infectieuse, issue d’un « réservoir animal », est loin d’être un cas isolé ! Les épidémies de peste des siècles derniers et, plus récemment, celles de Sida (1980), SRAS (2003), grippe H1N1 (2009) ou Ebola (2013), n’ont en effet cessé de nous rappeler notre vulnérabilité face au risque bien réel des zoonoses ! Et c’est à cet élargissement de regard sur la crise sanitaire actuelle que nous invite François Moutou, vétérinaire et épidémiologiste français, au travers de ce remarquable essai paru en 2015 et réédité fort à propos par les éditions de vulgarisation scientifique Le Pommier. L’originalité de la démarche de ce chercheur consiste à nous proposer une relecture de l’histoire de ces épidémies sous l’angle passionnant des rapports que l’homme entretient avec les animaux ! Par une analyse fine et très documentée, il met ainsi en lumière le rôle joué dans l’émergence de ces épidémies par différents types de relations où l’homme a pris l’ascendant sur l’animal, telles que l’élevage intensif, la domestication d’espèces exotiques ou la pression sur les habitats naturels,… De ce fait, alors que la lutte pour l’éradication de ces maladies montre ses limites et que l’on nous prédit déjà de futures nouvelles émergences, François Moutou nous expose ce qui, selon lui, constitue l’unique réelle piste d’encadrement des risques sanitaires : une meilleure gestion de la biodiversité ! Sa démonstration qui nous responsabilise s’accompagne également d’un vibrant plaidoyer pour une meilleure connaissance globale et un changement radical de regard sur le monde du vivant. Au fil de ces pages, l’auteur rend en effet justice aux rats, pangolins, chauve-souris et jusqu’aux micro-organismes dont il nous dévoile des aspects et des utilités méconnues au sein de la biodiversité. Car l’enjeu qui régit cet essai est bien celui d’une cohabitation pacifiée : animaux, virus et humains, chacun à sa juste place !